Présentation de la Médecine Chinoise Antique (MCA)
De la Médecine Chinoise Traditionnelle (MCT) l’occident ne connaît bien que la version codifiée par quelques livres fondateurs, compilation de connaissances très largement antérieures à la date de leur première parution (IIIe siècle après JC). (NEIJING, SUOWEN…) et constamment améliorée par des générations d’acupuncteurs chinois et occidentaux.
Dans cette acception, la MCA serait l’ancêtre de la MCT née aux environs du IIème millénaire avant JC dans la Chine du Nord.
De ses origines très anciennes elle a conservé du goût:
- pour le merveilleux d’une pensée imprégnée de chamanisme,
- mais aussi le sens pragmatique d’une civilisation paysanne habitée par l’impérieux besoin de survivre.
Contemporaine de la naissance de l’écriture chinoise, elle baigne dans un monde d’image : les cryptogrammes ancêtres des idéogrammes classiques (Ier siècle avant JC) et moderne (XXème après JC).
Les points chinois
Classiquement, les 360 points chinois cutanés + 1 dans la muqueuse buccale, forment un réseau superficiel organisé autour de 14 lignes fictives appelées méridiens.
En MCA les points sont des entités individuelles ayant chacune leur « personnalité ».
Localisation
Leur localisation et leur découverte constituent une énigme cultivée en vase clos par de nombreuses écoles d’acupuncture confondant ésotérisme et mystère. En MCA, les points parlent une langue simple. Sensibles ou soulagés, ils désignent à l’observateur attentif, à la fois leur localisation précise et leur besoin.
Identification
a/ classiquement : chaque point est identifié par son numéro d’ordre sur le méridien qui lui a été affecté, système simple et pratique ne laissant aucune place au doute et à l’hésitation,
b/ en MCA (comme chez tous les acupuncteurs sinisants) le point est identifié par un nom comportant systématiquement deux idéogrammes. Certains disposent en sus d’un certain nombre de noms accessoires, donnés pour préciser ou élargir leur indication principale.
Le point chinois : Point de départ d’une idée simple.
L’idée est la propriété incontestable du Professeur J.A. LAVIER (voir plus loin son histoire sur les documents sur le site web : http://mctas.org/).
Selon lui, les pères fondateurs de la MCA auraient emprunté au langage officiel de leur temps, des pictogrammes, autrement dit des dessins montrant la chose ou l’idée qu’ils voulaient signifier.
En combinant deux pictogrammes, ils auraient attribué à chaque point ainsi dénommé une capacité particulière d’action sur l’organisme. En retrouvant l’idéogramme le plus ancien, il devient possible d’identifier l’idée originelle (traditionnelle) que se faisaient les initiateurs de la MCA de l’indication médicale de tel ou tel point. Ex : le point 24 VB.
En chinois classique, comme en chinois ancien, le point 24 VB signifie soleil et lune parce qu’il montre le dessin d’un soleil (RI) et celui d’une lune (JUE). Le décodage est ici relativement facile. 24 VB régule l’horloge biologique dont les deux grands luminaires initient le rythme nycthéméral. Ancêtre de la chronobiologie, 24 VB parle un langage poétique de paysans sensibles aux rythmes naturels. Les femmes, « fleurs du genre humain » pour un chinois traditionnel, savent combien leur moral dépend des rayons du soleil et leur rythme menstruel de celui de la lune. Leur point 24 VB est, par là même, volontiers « expressif ». Aucun homme n’ignore tout ce qu’il doit à la lumière chaude (YANG) de l’un et froide (YIN) de l’autre.
Le nom chinois des points
Il constitue la base de données incontournable pour redécouvrir, autant que faire se peut, la conception originelle de la médecine chinoise primitive.
Intérêt majeur d’une tentative de traduction.
Polyvalence de points chinois
a/ Polyvalence diagnostique et thérapeutique (cf. ci-dessus)
b/ Polyvalence d’indication
Un seul et même point peut intervenir dans l’économie générale en ouvrant plusieurs portes d’accès :
- porte de communication entre l’intérieur de l’organisme et son environnement,
- fenêtre ouverte sur la profondeur du corps, le point chinois peut donner accès à plusieurs plans. Autrement dit, tous les points ont des rôles multiples :
- local : agit sur toute la zone qui lui est proche,
- locorégional : agit ou reflète les désordres profonds mais situés à proximité de la verticale du point,
- général : agit ou reflète le fonctionnement d’un secteur complet de l’économie
- spécifique : le point agit sur un secteur précis mais situé à distance,
Certains points y ajoutent une voie d’accès à un type de fonction physiologique encore plus générale. (points MU – points SHU…).
c/ ex : 24 VB, déjà vu, situé au niveau du 7e espace intercostal sur la paroi antérieure du thorax, à la verticale et en dessous du mamelon, offre le clavier diagnostique et thérapeutique suivant :
- local : il traite toutes les pathologies intéressant le 7ème espace intercostal (névralgie, zona…)
- locorégional : situé à l’aplomb du carrefour entre la voie biliaire principale et la vésicule, le 24 VB droit signale et traite les dysfonctionnements de la fonction biliaire, voire hépato-pancréatique.
- spécifique : (voire plus haut) horloge biologique
- général : 24 VB est un point MU de la fonction DAN classiquement assimilé en médecine chinoise classique à la vésicule biliaire. En MCA, on lui attribue le rôle d’un officier chargé d’assurer la défense du territoire sous les ordres directs du général en chef, son supérieur, la fonction GAN étiquetée foie par les classiques.
Certains travaux modernes auraient même démontrés que certains points chinois sollicités à distance offraient un accès spécifique aux diverses strates de l’énergie émettrice et réceptrice enveloppant le corps, autrement dit à l’aura.
A l’évidence, ces découvertes modernes complètent les intuitions des pères fondateurs de la MCA sans toutefois appartenir à cette dernière.
Mode d’action
Un point chinois sollicité serait, selon les travaux les plus récents, capable d’utiliser toutes les voies de communication, vasculaire, nerveuse, lymphatique, extracellulaire pour transmettre l’information au secteur qu’il couvre de son autorité. Aussi bien, la plupart (sinon tous) les points chinois formeraient l’interface entre le CIEL et le SOL, entre l’ordre supérieur et l’ordre ou le désordre (la pathologie) intérieur.
La MCA n’est pas une médecine à connotation religieuse ou spirituelle.
Par contre, elle est imprégnée dans ses phases diagnostique et thérapeutique
- de la notion principes en Chine Traditionnelle de rite
- du langage symbolique, véhicule de ce qui dépasse le raisonnement pur, la logique scientifique, le discours classique.
Docteur Alain MESTRALLET (2011)